Speak white
il est si beau de vous entendre
parler de Paradise Lost
ou du profil gracieux et anonyme qui tremble dans les sonnets de Shakespeare
nous sommes un peuple inculte et bègue
mais ne sommes pas sourds au génie d'une langue
parlez avec l'accent de Milton et Byron et Shelley et Keats
speak white
et pardonnez-nous de n'avoir pour réponse
que les chants rauques de nos ancêtres
et le chagrin de Nelligan
speak white
parlez de choses et d'autres
parlez-nous de la Grande Charte
ou du monument à Lincoln
du charme gris de la Tamise
de l'eau rose de la Potomac
parlez-nous de vos traditions
nous sommes un peuple peu brillant
mais fort capable d'apprécier
toute l'importance des crumpets
ou du Boston Tea Party
mais quand vous really speak white
quand vous get down to brass tacks
pour parler du gracious living
et parler du standard de vie
et de la Grande Société
un peu plus fort alors speak white
haussez vos voix de contremaîtres
nous sommes un peu durs d'oreille
nous vivons trop près des machines
et n'entendons que notre souffle au-dessus des outils
speak white and loud
qu'on vous entende
de Saint-Henri à Saint-Domingue
oui quelle admirable langue
pour embaucher
donner des ordres
fixer l'heure de la mort à l'ouvrage
et de la pause qui rafraîchit
et ravigote le dollar
speak white
tell us that God is a great big shot
and that we're paid to trust him
speak white
parlez-nous production profits et pourcentages
speak white
c'est une langue riche
pour acheter
mais pour se vendre
mais pour se vendre à perte d'âme
mais pour se vendre
ah !
speak white
big deal
mais pour vous dire
l'éternité d'un jour de grève
pour raconter
l'histoire d'un peuple-concierge
mais pour rentrer chez nous le soir
à l'heure où le soleil s'en vient crever au-dessus des ruelles
mais pour vous dire oui que le soleil se couche oui
chaque jour de nos vies à l'est de vos empires
rien ne vaut une langue à jurons
notre parlure pas très propre
tachée de cambouis et d'huile
speak white
soyez à l'aise dans vos mots
nous sommes un peuple rancunier
mais ne reprochons à personne
d'avoir le monopole
de la correction de langage
dans la langue douce de Shakespeare
avec l'accent de Longfellow
parlez un français pur et atrocement blanc
comme au Viêt-Nam au Congo
parlez un allemand impeccable
d'une étoile jaune entre les dents
parlez russe parlez rappel à l'ordre parlez répression
speak white
c'est une langue universelle
nous sommes nés pour la comprendre
avec ses mots lacrymogènes
avec ses mots matraques
speak white
tell us again about Freedom and Democracy
nous savons que liberté est un mot noir
comme la misère est nègre
et comme le sang se mêle à la poussière des rues d'Alger ou de Little Rock
speak white
de Westminster à Washington relayez-vous
speak white comme à Wall Street
white comme à Watts
be civilized
et comprenez notre parler de circonstance
quand vous nous demandez poliment
how do you do
et nous entendez vous répondre
we're doing all right
we're doing fine
we
are not alone
nous savons
que nous ne sommes pas seuls.
Poème par Michèle Lalonde
samedi 23 avril 2011
vendredi 22 avril 2011
mercredi 20 avril 2011
dimanche 10 avril 2011
mardi 5 avril 2011
Le printemps à Montréal...
Il faut bien l'avouer, c'est pas encore ça ! Et dire que j'étais à San Francisco, qu'il faisait une moyenne de 15 degré et que c'était l'hiver...
je suis donc de retour à la maison depuis environ trois semaines, après quatre jours de bus assez intenses. J'ai croisé des états aux paysages intéressants, le Nevada, l'Utah ou encore le Colorado, après ça, faut bien l'avouer, ça perd en intérêt. D'abord parce qu'on commence a être tanné des heures passés dans le bus, puis parce que le désert du Kansas et du Missouri, ça va cinq minutes. Surtout après avoir traversé le Manitoba et le Saskatchewan aux paysages plutôt similaires.
Bref plus le Québec s'approchait, mieux c'était pour mon bien-être intérieur. Sauf que je n'avais vraiment pas prévu que le passage à la douane soit aussi rude pour les nerfs. Après avoir été cuisiné une bonne quarantaine de minutes, j'ai bien cru y rester en quarantaine... Mais la charmante (douce ironie) douanière a finalement dans sa grande bonté laissé passer le beatnik. Je ne me suis jamais senti aussi mal à l'aise. Quand mon passage devant le douanier américain avait été plutôt "sympathique", cette fois-ci à la frontière canadienne, j'avais vraiment l'impression de ne pas être le bienvenu. Je dis canadien, parce que institutionnellement, c'est peut-être plus juste et parce qu'émotionnellement elle m'a fait faut bien le dire, chier, d'autant que j'avais toujours été le bienvenu partout.
Mon retour chez Oli et Jef en fut d'ailleurs que plus touchant.
J'ai retrouvé des amis, des collègues du festival du film sur l'art auquel j'avais participé l'année dernières et des nouvelles têtes. C'est ainsi un plaisir partagé.
Pour revenir au titre du sujet, le printemps arrive doucement, la neige s'en va peu à peu pour quelques mois, même si nous ne sommes pas encore à l'abri d'une tempête.
Mes plans pour les prochaines semaines sont pour le moment plus ou moins élaborés, bien sûr le Mexique pour le mois de mai, le reste vous le verrez bien assez vite en photos. Les projets arrivent comme les fleurs et les passants dans les rues de Montréal, au rythme du printemps...
Vous aurez remarqué l'effort fait pour les accents, vous pourrez me remercier plus tard.
Adiou
je suis donc de retour à la maison depuis environ trois semaines, après quatre jours de bus assez intenses. J'ai croisé des états aux paysages intéressants, le Nevada, l'Utah ou encore le Colorado, après ça, faut bien l'avouer, ça perd en intérêt. D'abord parce qu'on commence a être tanné des heures passés dans le bus, puis parce que le désert du Kansas et du Missouri, ça va cinq minutes. Surtout après avoir traversé le Manitoba et le Saskatchewan aux paysages plutôt similaires.
Bref plus le Québec s'approchait, mieux c'était pour mon bien-être intérieur. Sauf que je n'avais vraiment pas prévu que le passage à la douane soit aussi rude pour les nerfs. Après avoir été cuisiné une bonne quarantaine de minutes, j'ai bien cru y rester en quarantaine... Mais la charmante (douce ironie) douanière a finalement dans sa grande bonté laissé passer le beatnik. Je ne me suis jamais senti aussi mal à l'aise. Quand mon passage devant le douanier américain avait été plutôt "sympathique", cette fois-ci à la frontière canadienne, j'avais vraiment l'impression de ne pas être le bienvenu. Je dis canadien, parce que institutionnellement, c'est peut-être plus juste et parce qu'émotionnellement elle m'a fait faut bien le dire, chier, d'autant que j'avais toujours été le bienvenu partout.
Mon retour chez Oli et Jef en fut d'ailleurs que plus touchant.
J'ai retrouvé des amis, des collègues du festival du film sur l'art auquel j'avais participé l'année dernières et des nouvelles têtes. C'est ainsi un plaisir partagé.
Pour revenir au titre du sujet, le printemps arrive doucement, la neige s'en va peu à peu pour quelques mois, même si nous ne sommes pas encore à l'abri d'une tempête.
Mes plans pour les prochaines semaines sont pour le moment plus ou moins élaborés, bien sûr le Mexique pour le mois de mai, le reste vous le verrez bien assez vite en photos. Les projets arrivent comme les fleurs et les passants dans les rues de Montréal, au rythme du printemps...
Vous aurez remarqué l'effort fait pour les accents, vous pourrez me remercier plus tard.
Adiou
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